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Hack your brain : immersion dans le sommeil polyphasique

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Je vous propose aujourd’hui quelque chose d’assez différent de mes articles habituels. Il se trouve que mon colocataire, Christopher, a fait sienne depuis 6 mois une pratique peu connue, le sommeil polyphasique. Dans la plus pure des traditions de hacker, cela consiste à hacker son cerveau afin de ne le contenter que de deux heures par jour au lieu des six à huit heures nécessaires au commun des mortels.

J’ai demandé à Christopher de rédiger un article pour combler les lacunes de la documentation déjà existante sur le net à ce sujet. L’article s’est allongé jusqu’à atteindre une douzaine de pages, ce qui faisait un peu trop long pour un billet de blog. J’ai donc décidé de le distribuer sous forme pdf et odt afin que sa lecture soit plus aisée. Une version html est aussi disponible plus bas.

Il s’adresse à tous, des curieux aux aventuriers qui veulent réellement tenter cette expérience. Il est distribué sous une licence libre, la Creative Commons Attribution, qui autorise la redistribution et la modification sous l’unique condition de citer l’auteur, Christopher Lieberherr.

Bonne lecture.

Téléchargements

Fichier au format odtLe sommeil polyphasique, une nouvelle maîtrise du sommeil — Christopher Lieberherr (odt)


Le fichier en pdfLe sommeil polyphasique, une nouvelle maîtrise du sommeil — Christopher Lieberherr (pdf)


Version html

Table des matières

Licence

Cet ouvrage est distribué sous une licence libre, la licence Creative Commons Attribution 3.0 (CC-BY). Celle-ci indique que vous pouvez librement :

  • distribuer cet e-book
  • en produire des versions modifiées et les distribuer

à condition de citer l’auteur : Christopher Lieberherr

Préface

par Romain Rivière

Lorsque Christopher a décidé de se lancer dans l’aventure du sommeil polyphasique, j’ai eu du mal à croire qu’il parviendrait à tenir le rythme. Mais aujourd’hui force est de constater qu’il a acquis une grande maîtrise de son sommeil et qu’il réussit à jongler entre les différents modes de sommeil avec une facilité déconcertante.

La première fois que l’on vous parle de sommeil polyphasique, le réflexe instinctif est celui du rejet ou de la crainte tant le concept est inhabituel. Mais rapidement les preuves s’accumulent et l’on se rend compte d’une seule chose : ça fonctionne.

Je n’ai pas tenté l’aventure avec Christopher car mon rythme de vie — au travail principalement — était totalement incompatible avec l’adoption d’un sommeil morcelé. J’ai eu cependant l’occasion de suivre au jour le jour l’évolution de son comportement (nous sommes colocataires) face à ce qui deviendra un mode de vie plus qu’une simple technique de sommeil, tout comme le végétarisme n’est pas un seul régime alimen­taire.

Je conseille à tous ceux qui pensent avoir besoin de temps supplémentaire pour réaliser certaines choses d’expérimenter ce mode de vie alternatif. Il faudra cependant comme l’explique Christopher avoir le cran de faire face à toutes les personnes qui tenteront d’entamer votre motivation.

J’ai proposé à Christopher d’écrire ce texte afin de recenser les expériences qu’il n’avait pas trouvé dans la documentation qu’il a épluché pendant sa phase d’adaptation. Ces quelques conseils et expé­riences vous aideront à savoir si vous avez véritablement le courage de suivre ce rythme, ou alors si vous commencez le sommeil polyphasique et que vous voulez quelques conseils afin de mieux le vivre.

Le sommeil polyphasique consiste à diviser son sommeil en plusieurs parties dans le but de pouvoir se contenter de 1h30 à 4 heures de sommeil par tranche de 24 heures. Je ne m’attarderai pas sur sa description étant donné qu’il y a suffisamment d’articles étoffés sur le sujet. (cf. Steve Pavlina, Wikipédia, la fabrique à idée ou le e-book de PurDoxyk).

Cet article a pour objectif d’enrichir les connaissances sur ce sujet en partageant mes di­verses expé­riences et observations. Il est donc important de noter que votre expérience pourra être sensiblement différente de la mienne. Cependant, en comparant les textes pa­rus sur le sujet, on peut constater une grande similarité.

Je pratique le sommeil polyphasique depuis maintenant 6 mois. La première semaine en mode Überman (6 siestes de 20 minutes chacune espacées de 4 heures d’éveil). 1 mois de sommeil Every­man (une grande sieste de 3h + 3 siestes de 20 minutes dans la journée (espacé d’environ 5 heures 30). Puis, à nouveau 2 mois de sommeil Überman où j’ai réduit à 15 minutes mes siestes durant le deuxième mois. Et enfin, actuellement, une grande sieste de 3 heures + 2 siestes dans la journée. Le meilleur rapport trouvé entre temps et sociabilité.

La traversée du Rubicon

Il est bien sûr nécessaire de fournir un effort pour atteindre ce nouveau mode de vie. Notre habitude de sommeil confortablement acquise en plusieurs décennies se voit fondue et coulée en une multi­tude de moules. Cela ne se fait donc malheureuse­ment pas sans peine.

Dans la communauté du sommeil polyphasique, on parle souvent d’une semaine d’adap­tation où l’on souffre d’un manque de sommeil épouvantable jusqu’à ce que le corps « ap­prenne » ce nou­veau rythme de vie. En effet, ce passage est obligatoire et l’un des plus importants, mais pas l’unique.

Il y aura trois vallées de différentes longueurs et hauteurs à gravir.

Physique

La plus évidente semble la semaine d’adaptation. On peut considérer avoir traversé cette étape le jour où les rêves deviennent réguliers durant les courtes siestes. Habituellement, les rêves appa­raissent entre le cinquième et le sixième jour. Il n’y a pas de conseil particu­lier pour réussir à part répondre aux critères alimentaires (expliqués ci-dessous), une bonne dose de volonté et prendre une semaine de vacances loin de toutes les personnes étroites d’esprit susceptibles d’annihiler votre en­thousiasme par leurs craintes infondées.

Un partenaire avec qui faire l’expérience est essentiel surtout durant le quatrième jour où la fatigue devient insupportable. Si cela est impossible je vous conseille le réveil « sonic bomb », ce monstre peut sonner jusqu’à 113dB et est muni d’une capsule qui se met­tra en vibration sous votre oreiller. Ajoutez à cela deux autres réveils, tous réglés sur la même heure, que vous changerez d’emplace­ment avant chaque sieste. Cela évitera la ré­ponse automatique de votre corps qui éteint les réveils sans que vous vous soyez réelle­ment levé. Les réveils ne seront bien sûr pas agréables mais vous se­rez levé à coup sur.

Comme dit précédemment, certaines habitudes alimentaires devront être modifiées pour avoir l’as­surance que la semaine d’adaptation se solde par une réussite.

Si vous avez du surpoids, oubliez tout de suite ou prenez un bon abonnement dans une salle de sport et on en rediscutera. En effet, étant donnée la quantité de sommeil, le corps ne peut plus utiliser ce temps pour la digestion, il doit uniquement se concentrer vers la régénération. Durant l’adaptation et même après, privilégiez les repas multiples et légers. Les 3 repas par jour devront être fragmentés en 6 minimum. Si vous devez faire un gros repas (un re­pas de fête par exemple), essayez soit de passer en mode Everyman et de faire le repas juste après la sieste, soit d’ajouter une 7e sieste en mode Über­man.

Quotidiennement, privilégier les fruits et légumes, la viande est souvent source de fatigue.

D’un autre côté, au réveil d’une sieste, on peut ressentir une faim extrêmement forte comme si l’on venait de passer une nuit de 8 heures où l’on aurait oublié de manger le soir d’avant. Et cela même si l’on vient juste de manger avant la sieste (ce qui n’est pas bien). Personnellement, je me suis donc jeté sur la nourriture à chaque réveil. Du coup, je man­geais de plus en plus et mes siestes étaient de moins en moins réparatrices. En fait, cette « faim » disparaît mystérieusement environ 20 mi­nutes après la sieste ou en buvant une boisson légèrement sucrée. Après plusieurs mois ce problème est toujours présent…

Côté boisson, privilégiez l’eau, rarement une boisson sucré et jamais au grand jamais une boisson contenant de la théine ou de la caféine ou n’importe quel excitant qui ne vous seront de plus aucune utilité. Même si après ingestion d’un excitant il est possible de s’endormir, les siestes seront moins répa­ratrices et vous entrerez dans le cercle vicieux de compenser ce manque de sommeil par un nouvel excitant. Je rappelle que le but de ce rythme de som­meil est d’avoir plus de temps mais aussi une énergie stable et constante (on ne le sou­ligne souvent pas assez).

Si vous êtes vraiment dépendant, un café le matin peut être envisagé avec le cycle every­man, étant donné qu’il ne comporte que 2 à 3 siestes. En revanche, vous devrez être extrêmement rigoureux si vous pratiquez l’Über­manSleep.

Côté alcool, une consommation légère est tolérée. J’ai même expérimenté à plusieurs re­prises qu’après une forte consommation la sieste ne semble pas altérée… Par contre, la gueule de bois dure plus de 24 heures…

Étant donné que la nicotine est un excitant, fumer empêche la réussite du sommeil polyphasique. Le seul fait de fumer un demi paquet durant une soirée peut ébranler votre cycle durant plusieurs jours. Comme remplacement vous pouvez vous mettre à la e-cigarette, mais sans nicotine ajoutée, vu que c’est un excitant. Il est bien sûr possible prendre de petites doses, mais évitez de fumer 2 heures avant la sieste.

Psychologique

Sur ce point, je tiens à préciser que je tente cette expérience durant un cursus universi­taire. Après la semaine d’adaptation j’ai recommencé exactement la même vie, mais sans dormir.

Le rêve aura une place grandissante dans votre vie. En effet, il change de nature, il de­vient beau­coup plus vivant, riche et présent. Il est aussi possible certaines fois de pouvoir prendre le contrôle de ses rêves pour les moduler à sa guise. Ses fréquences aug­mentent aussi vu que vous en ferez six fois par jour. Il est donc difficile de trouver un équi­libre psychologique durant le premier mois. Je me suis souvent surpris à attendre ma pro­chaine sieste en considérant la réalité comme l’obliga­toire et contraignante traversée d’un pont entre deux vallées oniriques. Le rapprochement entre ce res­senti et la dépendance à un produit peut être faite.

Le sentiment d’intemporalité absolument magique peut être déstabilisant au début de l’ex­périence. En effet, dans le mode Überman (6 × 20), la notion de journée est perdue. À cause de cela, certaines tâches routinières peuvent facilement être oubliées comme se dou­cher, se laver les dents ou prendre son petit-déjeuner. Le même phénomène peut être vécu pour des rendez-vous plus importants. Étant donné que le ressenti est celui d’un jour éternel, toute notion de jour ou semaine devient absurde à vos yeux. Cette perception du temps donne un sentiment d’euphorie constant. L’intime sensation que le monde n’est qu’une grande pièce de théâtre où notre rôle n’est que celui du vulgaire figurant dominé par le triste dictat du remplaçable donne la sensation d’être invincible voir intouchable. Ce sentiment peut devenir extrêmement dangereux surtout le jour où, par obligation, on manque une sieste. La sensation d’inexistence combinée à la fatigue m’a poussé plusieurs fois à vouloir sauter sous un train, non par malheur, mais par le sentiment intime d’une non-co­hérence de la vie. Je n’ai rien lu de tel par les autres dormeurs polyphasiques et ce constat est inquiétant. Merci de me contac­ter si une telle expérience vous est arrivée. Heu­reusement, la perception devient maîtrisable après un mois, par contre, elle ne disparaît pas.

Les souvenirs peuvent aussi devenir imprécis à cause des deux effets cités ci-dessus. Première­ment, du fait de l’intemporalité, il devient extrêmement difficile de pouvoir catégoriser une expérience dans le flux continu qu’est devenu notre vie. Deuxièmement, il peut devenir ardu de séparer la réali­té vécue et le rêve. Le souvenir devient donc une image floue impos­sible à placer dans une suite co­hérente d’actions passées et futures, comme quand on tente de se souvenir d’un rêve…

Sociale

Même si on tente de le cacher, notre comportement changera indubitablement. Tout d’abord, le fait de devoir stopper toute activité durant 20 minutes (ou plutôt 25 minutes, il faut compter plus ou moins 5 minutes pour s’endormir et émerger du sommeil) toutes les quatre heures ne peut être long­temps camouflé par des excuses vaseuses. Il vous faudra donc expliquer à la plupart des gens que vous rencontrerez pour avoir l’assurance d’une sieste sans interruption.

S’en suivra la malheureuse constatation de vivre dans un monde de moutons effrayés par la moindre perturbation de leur vision stagnante de l’existence. Trois catégories de réactions se dégagent.

Le comportement le plus agréable sera celui de l’admirateur curieux. Il questionnera énormément sur le sujet, cela peut devenir fatiguant quand les explications de votre nou­veau mode de vie se compteront par centaines. Ces personnes seront vos plus chère al­liées pour réussir à stabiliser votre nouvelle vie et à trouver un endroit pour vos siestes.

Le soucieux bienveillant aura aussi de bonnes intentions et pourra aussi vous être utile pour trou­ver un abri de fortune afin d’écouler vos 20 minutes. Par contre, le prix sera une constante inquié­tude sur votre état de santé et une fixation presque obsessionnelle sur le moindre signe de fatigue ou de faiblesse. Bien que la fatigue soit quasiment absente, aucun être humain est à l’abri d’une chute d’énergie suite à un plat trop gras, d’un choc émo­tionnel ou simplement au fait d’avoir eu une mauvaise sieste. À ce moment où le réconfort ne serait pas un luxe inutile, le soucieux se fera une joie de couler votre moral dans l’abîme le plus profond avec ses milliers de recommandations. Il est donc important d’avoir connaissance de ce type de personnes et d’éviter leur présence lors d’un passage difficile.

Le sceptique omniscient sera à éloigner le plus possible. Ces personnes ont l’intime conviction que ce mode de vie est néfaste. Ils vous citeront orgueilleusement la fameuse semaine précédent leur examen où ils n’avaient dormi que 3 ou 4 heures par jour, et le prix terrible de leur inconscience. L’argumentation sera vaine et même par la preuve ultime de votre existence, il pré­textera une physiologie non-naturelle ou une consommation accélérée du capital santé. La mau­vaise foi sera leur mot d’ordre et la fer­meture d’esprit leur cri de rassemblement. La distance se fera automatiquement.

Il est donc possible que votre cercle social évolue. Une vision inédite de la vie donne un autre re­gard sur ses congénères et réciproquement. Si votre entourage est composé d’une majorité de scep­tiques omniscients, le sommeil polyphasique vous sera extrêmement bénéfique. Non seulement ces gens sont désagréable mais en plus, n’apportent absolument rien dans la vie de leur entourage. Vous n’en tirerez qu’un avantage à les voir disparaître.

La seconde évolution sociale sera causée par vous-même. Le fait d’ajouter dans chaque journée six à huit heures de solitude changera sensiblement votre caractère. Si l’expé­rience se prolonge, un cer­tain goût pour le nectar exquis d’une nuit silencieuse naîtra. Le monde semblera plus bruyant, désordonné, abrutissant, un univers où chaque action pa­raît précipitée et irréfléchie. Un désir d’iso­lement grandira et la probabilité que votre com­portement froisse plus d’une personne sera grande. Ce changement aura pour consé­quence une grande introspection et une bien meilleure connaissance de soi-même. La créativité semble aussi s’améliorer. Il est difficile de savoir si cela tient au nombre d’heures ajoutées dans la journée ou à la plus grande fréquence des rêves connus pour être une source d’inspiration intarissable. Il est donc important de considérer l’isolement comme un fu­tur proche de votre existence.

Les limites du système

Le sommeil polyphasique est directement relié à trois répartitions. L’Überman (6 × 20), l’Eve­ryman (3+2 à 3 × 20) et enfin la Dymaxion dont l’efficacité n’a pas réellement été prouvée en raison de ses étranges siestes de 30 minutes (4 × 30). Après avoir accédé à la capacité de raccourcir son cycle en 20 minutes de pur sommeil REM (Rapid Eyes Movement), il est naturel de se questionner sur l’existence d’autres agencements ou d’une encore plus grande efficacité de son sommeil.

La durée minimale d’une sieste est de 15 minutes. Si vous voulez atteindre cet idéal, au total 1h30 par jour, vous devez être extrêmement strict avec vous-même. Cela signifie une très grande ponctualité de sommeil (une marge de 15 minutes au grand maxi­mum), une hygiène de vie impec­cable, l’assurance de ne jamais être perturbé durant vos siestes et une grande stabilité émo­tionnelle.

En dessous de 15 minutes, le corps se régénère aussi mais de manière incomplète. On peut nom­mer ces siestes des micro-siestes ou demi-siestes. Vous pouvez parfaitement remplacer une sieste de 15 minutes par 2 siestes de 10 minutes espacées de 2 heures. Elles peuvent aussi être utilisées comme aide durant la phase d’adaptation où durant une période de maladie ou de stress.

Il est aussi possible de mettre son corps en inertie sans pour autant entrer en phase REM. L’état sera proche d’une relaxation intense et peut être pratiqué dans un milieu ex­trêmement bruyant dans absolument n’importe quelle position. Le repos sera le même que pour une demi-sieste de 10 mi­nutes.

Au delà de 25 minutes, les siestes deviennent nocives. Se réveiller devient un calvaire et le cycle éveillé suivant est extrêmement éprouvant. Il faudra attendre 2 à 3 siestes pour rétablir l’équi­libre. En mode Everyman, il est possible exceptionnellement de faire une sieste de 1h30 vu que ce cycle reste présent dans votre corps avec la grande sieste de 3 heures.

L’ajout d’une sieste durant la journée est possible. En revanche, on ne peut le faire deux jours d’affi­lée de peur que le corps prenne l’habitude de dormir à cette heure et donc d’y ressentir un « appel de sieste » (une fatigue temporaire de 15 à 30 minutes mais puissante au point de vous rendre inefficace durant ce laps de temps).

En mode Everyman, allonger la sieste principal (de 3 heures) de plus de 30 minutes vous vidra de vos forces durant toute la journée malgré toutes les siestes supplémentaires que vous rajouterez.

Ce rythme de sommeil demande donc une grande discipline qui vous forcera à entrecouper votre journée en 3 au minimum. Dormir 8 heures d’affilée est impossible même après avoir ingéré une forte dose d’alcool ou autre drogue.

Où dormir

Trouver un endroit où dormir n’est pas toujours facile. En tant qu’étudiant je rencontre ce problème constamment. La solution est de se faire une liste de planques et de pouvoir compter sur d’excellents réducteurs de bruit.

Tout d’abord, abandonnez votre lit. Ce meuble est chargé trop fortement du souvenir de vos pa­resses nocturnes. Dormir dans votre lit, c’est prendre le risque de détruire tout votre travail (après une parfaite adaptation ce n’est plus un problème) et avoir l’assurance d’avoir un lever plus contrai­gnant psychologiquement. Ce problème est quasi inexistant si vous dormez dans un lit étranger (en ne l’utilisant qu’exceptionnellement). J’ai aussi remarqué que les siestes sont plus réparatrices sur un simple tapis de sol. Cela vous donnera aussi la capacité de dormir dans les endroits les plus insolites.

Le fait de pouvoir dormir assis est un immense avantage. Ainsi, apprendre à s’endormir dans cette position est essentiel. Pour l’anecdote, durant le Moyen-Âge tout le monde dor­mait en position assise de peur de prendre la position du mort. Il est donc tout à fait pos­sible de dormir parfaitement ainsi. Vos premières siestes assises seront sûrement des échecs. Pour cela, il est conseillé de prendre un jour de congé est de faire ses 6 siestes dans cette position. Si une sieste est réussie les suivantes réus­siront aussi. Il est cependant impossible de faire cela durant plusieurs jours car le dos peut devenir extrêmement dou­loureux. Pour une efficacité maximale, vous pouvez acheter un casque isolant de chantier. Psychologiquement, on ne ressentira pas la même sensation reposante qu’une sieste en posi­tion couchée. À utiliser donc avec parcimonie.

L’ancrage peut être le meilleur outil pour un assoupissement instantané. Il faut adopter une posi­tion spécifique très précise et ne plus bouger avant l’endormissement. Cette po­sition devra être exactement reproduite à chaque sieste. Au cours du temps, dès que votre corps adoptera cette posi­tion, vous vous endormirez instantanément. Il sera aussi possible de se coucher dans une position légèrement différente et de rester éveillé. Il est possible aussi d’utiliser un ancrage sonore. Pour cela, il faut suffit d’écouter un bruit ambiant spéci­fique pendant votre endormissement comme un bruit marin, le vent qui souffle, le crépite­ment du feu ou un simple bruit blanc. Cette ancrage peut être très efficace pour les siestes assises au milieu d’environnements mouvementés.

Implication philosophique

Le sommeil polyphasique est donc un choix de vie à ne pas prendre à la légère. Non seulement l’acte de dormir se réduira dans votre vie au même besoin que celui de faire ses be­soins, mais votre psy­ché, votre milieu social et votre rapport à vous-même changeront à jamais. C’est une traversée unique, une expérience exceptionnelle qui modifiera à ja­mais votre perception du monde mais aussi le sacrifice de votre confortable médiocrité pour une destination inconnue. La sensation d’être un funambule sans jamais savoir de quelle côté l’on tombera. Est-ce le summum de l’ambition quasi pathologique de notre monde occidental ? Au contraire, c’est une libération de l’homme face au joug écrasant du temps. Une liberté effrayante, qui demande une nouvelle responsabilité, un risque constant et surtout, une totale non-connaissance de son avenir.

Comme dit précédemment, le terme pour désigner la répartition la plus extrême (6 × 20) est « Über­manSleep », traduit par le sommeil du Surhomme. Cette désignation nous rapproche à nouveau de Nietzsche et de son concept du Surhumain.

Il est possible de voir cette technique comme une échelle à disposition pour gravir le som­met où siège l’homme nouveau. Je me risque dans cette proposition car ses fruits me semblent d’une nature unique. Un homme vivant 50 ans en ne dormant que 2 heures par jour, aura la possibilité d’accomplir bien plus. En outre, il aura une compréhen­sion de lui-même plus intime, les souffrances causées par son adaptation le rendront plus volontaire, le calme de ses longues nuits solitaires se ré­percutera sur son caractère, le sentiment d’être marginal à sa société grégaire le rendra plus fort et plus lucide, la sensa­tion d’intemporalité changera sa perception des choses par un regard inédit et enfin, réus­sir à vaincre la croyance dogmatique envers le sommeil lui conférera une ouverture d’esprit et l’intime conviction qu’absolument rien n’est impossible. Grâce à cette dernière transfor­mation, la constante innovation sera sa plus proche voisine. N’est-ce pas cela le génie, un regard différent, une vision inédite ou peut être un simple trou fugitif dans nos épaisses œillères ?

Malheureusement tout a un prix, et le prix de cette évolution est la solitude. Non seulement phy­sique, mais surtout sociale. Le nombre d’expériences vécues en commun déterminera la capacité d’empathie entre les deux individus. Le sommeil est une des expériences les plus courantes avec le cycle alimentaire, la sexualité et le rapport avec la mort. Il sera donc impossible que votre entourage comprenne votre vie, pire, vos souffrances, car elles seront d’une autre nature. Réciproquement, il vous sera extrêmement difficile de vous rap­peler de votre ancienne existence et de vous mettre ainsi à la place de vos congénères. Un fossé infranchissable se creusera et votre regard sur l’autre bord se fera toujours plus rare.

Bien sûr, ce sentiment de solitude peut être engendré par de nombreuses autres expé­riences que le sommeil polyphasique. Il est aussi possible de voir la problématique à re­vers. La majorité des gens, même après avoir pris connaissance de cette incroyable capacité de leur corps, ne seront jamais intéressés, ob­sédés par un moyen de fuir la réalité dans l’abîme de l’inconscience. Il est donc fort probable que la petite minorité intriguée par ce processus soit déjà marginale au reste du monde. Ce sentiment ne doit sûrement pas leur être inconnu et l’aspiration quasi pathologique à une évolution, une amélioration constante de leur vie et de l’humanité en général leur ont causé déjà de longues nuits de solitude remplies d’incompréhension devant un monde gavé d’une cyclique et stagnante médiocrité.

En vivant ainsi, cette plaie sera encore plus élargie. Mais elle sera aussi accompagnée du sentiment de répondre enfin à cette nécessité intérieure d’appartenir à cette vague de pionniers qui sacrifient leur vie non pas pour l’honneur, la gloire, l’argent ou le pouvoir, mais uniquement pour prouver à l’univers que l’Homme peut être plus. Que l’Homme, ac­tuellement, n’est qu’une transition vers quelque chose de plus grand et noble, qu’il n’a pas l’obligation de jouer éternellement aux mêmes égarements. Si la perfection est un sommet il est normal que les hommes se feront plus rares à chaque pierre gravie, le nombre de nos semblables, lui, accroîtra.

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